Frida Kahlo, mexicaine née en 1907, peintre mondialement célèbre, a joué un rôle actif dans les mouvements artistiques de son pays, revalorisant un art populaire détaché de l'académisme.

Elle est atteinte de poliomyélite à l'âge de 6 ans, puis à 18 ans, est victime d'un accident de la circulation qui la laisse clouée au lit et l'oblige à porter des corsets. Pour échapper à l'ennui et à la douleur, elle se met à peindre: "Ma mère fit faire un chevalet par un menuisier, appareil spécial que l'on pouvait fixer à mon lit, car le corset de plâtre ne me permettait pas de me dresser sur mon séant." On plaça aussi un miroir sur toute la longueur du lit, de sorte qu'elle pouvait se servir de modèle. Ce fut le début d'une longue série d'autoportraits, genre prédominant dans l'oeuvre de Frida Kahlo.

Sa rencontre avec le peintre Diego Rivera est décisive, tant sur le plan politique qu'artistique. Ils se marient, sympathisent avec la ligue trotskiste et les surréalistes. Grâce à la rencontre avec André Breton, Frida a sa première grande exposition à l'étranger en 1938. Elle rencontre Marcel Duchamp, Mary Schapiro, Trotsky. Elle expose et écrit dans des revues, enseigne à l'académie des Beaux- Arts, puis chez elle, les douleurs permanentes, le corset de fer l'empêchant de se déplacer.

 

Toute sa vie est une suite d'opérations nombreuses et de longs séjours à l'hôpital. Ses thèmes de prédilection : l'avortement, les opérations, la sexualité, la fécondité, la chair blessée, les souffrances physiques et psychiques, seront intégrés dans son oeuvre. A propos d'un tableau, elle écrit: "J'y suis assise, le corset de cuir à la main. Derrière, je suis couchée sur une civière, une partie du dos dénudée ou l'on peut voir la cicatrice des incisions que m'ont faites ces fils de pute de chirurgiens." A l'hôpital, elle peint avec un chevalet fixe à son lit: "Sept opérations de la colonne vertébrale... Je suis toujours dans mon fauteuil roulant... J'éprouve seulement une grande fatigue, un désespoir indescriptible. Pourtant, j'ai envie de vivre." Amputée de la jambe droite, elle apprend à marcher avec une jambe artificielle. Elle meurt en 1954. Ses œuvres font partie des collections des musées du monde entier.

  Image : Frida Kahlo, photographiée en 1933 à New York City par Lucienne Bloch
 

 

En haut à gauche sont représentés trois dieux aztèques à commencer par Tlaloc qui est le dieu de la pluie et de l'agriculture, suivi de Coatlique, déesse de la mort et de Quetzalcoatl, dieu de la civilisation et de la connaissance. A côté de ceux-ci est présent un jaguar entouré de sang et de flammes et représentant la guerre, juste au dessus de la déesse Tonantzin, mère des dieux aztèques. A sa gauche sont représentés la lune (lapin dans cercle) et le soleil (représentation d'un des deux serpents du soleil).
Un dieu indien est allongé au dessus d'un squelette qui est un autre symbole de la mort (en plus de Coatlique).
Dix personnages historiques sont représentés dont Freud, Karl Marx, Nefertiti, Staline, Lenine, Gandhi, Gengis Khan et Bouddha.
En dessous est peinte une foule, représentant l'humanité et l'origine de l'être humain, du singe jusqu'à l'homme. Dans la foule, on peut apercevoir les drapeaux anglais et japonais ainsi qu'une pyramide aztèque sur laquelle un homme prie. En bien plus grand est peint un homme qui travaille. Ces deux personnages représentent eux aussi l'humanité ou plus précisément le rôle, le devoir de l'être humain qui est de prier et de travailler.
Au milieu en haut de l'oeuvre est représenté le soleil, origine du monde qui occupe une place importante dans le tableau.
Au centre, un bébé, encore dans le placenta (représentation du sexe de la femme), est entouré de deux schémas d'ovules, seule ou se faisant féconder. En dessous est peint un nouveau-né, Moïse, au milieu d'un décor pluvieux où la pluie, susceptible d'être prise pour des larmes, est un symbole de tristesse. Le nouveau-né ressemble à Diego Rivera et porte sur son front, comme dans d'autres tableaux de Frida, le troisième oeil, symbole de la sagesse et de la connaissance. On peut alors constater que Frida voit son mari comme un homme sage et cultivé, ayant alors les qualités fréquentes chez les artistes.
En haut à droite du tableau sont représentés de nombreux dieux de l'antiquité. On peut voir, par exemple, Zeus, Anubis, Isis, Apollon ou encore Vénus. L'oeil d'Horus et la colombe (symbole de la paix et du saint-esprit) sont eux aussi représentés, ainsi que le triangle parfait (symbole de la divinité), sans oublier Jésus, adulte aux trois visages en un (le père, le fils et le saint-esprit) et enfant, dans les bras de la Vierge Marie qui ressemble à Frida par son unique sourcil. Cette dernière regarde son enfant et pleure. Frida s'implique ici dans son oeuvre, se confondant avec la Vierge Marie, peut-être parce qu'elle aussi connaît des souffrances liées à la mise au monde d'enfant. (La Vierge Marie va voir mourir son fils. Frida, au contraire, est malheureuse parce qu'elle sait qu'elle ne pourra jamais donner la vie.)
Au dessous sont peints le diable (qui représente le mal) et dix autres personnages historiques : Akhenaton, Krishnamurti, Jésus, Hammourabi, Alexandre le grand, César, Mahomet, Luther, Napoléon et Hitler.
Pour finir, on peut voir une femme qui a quatre couleurs de peau, habillée de feuilles et tenant un enfant au corps de chèvre dans ses bras. Elle et son « enfant-chèvre » représentent alors les différentes races humaines mais aussi les animaux et les végétaux.
Cette oeuvre est un schéma de l'histoire du monde. Elle a été réalisée pour nous faire comprendre que tout vient du soleil : le bien et le mal mais aussi la vie et la mort. Chez les Aztèques, la vie vient de la mort et vice versa. Les hommes font la guerre et donnent leur sang aux dieux pour sauvegarder la vie. Des divinités positives et négatives sont représentées sur ce tableau ainsi que des humains qui ont été au service du bien et d'autres qui ont été au service du mal. Tous sont regroupés comme formant un tout. Au milieu de toute une série de conflits, la vie naît et subsiste à travers bien des souffrances.
Pour cette peinture, Frida a obtenu le deuxième prix lors de l'exposition artistique annuelle au Palacio de Bellas Artes.
C'est l'ouvrage de Sigmund Freud, intitulé "Moïse et le Monothéisme", (qu'un des mécènes de Frida, José Domingo Lavin, lui avait prêté) qui lui a donné l'idée de ce tableau. Elle a été tellement fascinée par ce livre qu'il ne lui fallut pas plus de trois mois pour réaliser cette oeuvre.

 

 

 

Frida a peint cet autoportrait alors que sa santé empirait et qu'il lui fallait porter un corset de métal. La colonne ironique brisée en plusieurs endroits symbolise sa colonne vertébrale blessée. La fente de son corps et les sillons du paysage déchiré et monotone sont le symbole de la solitude et de la souffrance de Frida ( la colonne brisée 1944 )

 

 Frida a souvent joué un rôle maternel vis à vis de son mari qu'elle avouait "vouloir toujours (le) tenir dans ses bras comme un nouveau-né".
Le tableau reflète ce rôle joué par Frida par rapport à Diego, mais il contient aussi beaucoup d'éléments de la mythologie de l'ancien Mexique : le jour et la nuit, le soleil et la lune, la déesse Cihuacoatl. Le chien Itzcuintli, Señor Xolotl, est un animal domestique apprécié mais aussi et surtout la représentation de l'être à la forme de chien Xolotl, gardien du royaume des morts.

 


 

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