Le doudou... ou objet transitionnel

WINNICOT, à l’origine du terme d’objet transitionnel, considère de façon plus générale « l’espace transitionnel » comme l’espace intermédiaire entre la réalité intérieure de l’enfant et la réalité extérieure. Cet espace, ni tout à fait illusoire, ni tout à fait réel, est le lieu de rencontre entre les deux réalités qui interfèrent l’une avec l’autre et qui font de chacun d’entre nous quelqu’un d’exceptionnel, doté d’une capacité de perception exceptionnelle. En quelque sorte, l’enfant est un petit schizoïde potentiel dont l’espace transitionnel permet de rassembler les deux mondes (intérieur et extérieur) et lui procure ainsi l’unicité du moi ; l’objet transitionnel favorise l’atténuation de la dissociation entre le dedans et le dehors.

Le phénomène transitionnel dans son ensemble comprend non seulement l’objet transitionnel en tant que tel, mais également toute activité buccale, les sons émis par l’enfant, gazouillis, bruits anaux, etc.… (cf. « De la pédiatrie à la psychanalyse » de Winnicot). L’objet transitionnel vit dans l’espace transitionnel, il y tient une place essentielle, nous le connaissons tous sous le nom de « doudou ».

Qui d’entre nous ne s’est pas retrouvé impuissant devant une crise, qui n’est pas sans évoquer celle de l’hystérie, du petit enfant dont le doudou a été oublié ou perdu, et ce, d’autant plus s’il se trouve en phase d’endormissement ? Il ne s’agit pas là d’un simple caprice. En effet, le doudou n’est pas un simple jouet parmi tant d’autres, il est chargé d’une multitude de significations et remplit plusieurs rôles nécessaires à la construction du moi de l’enfant.

Le nourrisson, issu d’un lieu confortable et douillet, où le sentiment de frustration ne faisait pas partie de son quotidien, va devoir faire face dès sa naissance à un monde pour lequel il n’est pas préparé : celui de la réalité. Il n’est pas de transition entre les deux.
Lorsqu’au petit matin le réveil nous extirpe brutalement d’un rêve agréable pour nous ramener à la réalité, nous nous adaptons au prix d’un sacrifice mais sans grande contestation à la situation, et bien que nous en gardions un sentiment d’amertume quelques instants encore, notre statut d’adulte « au moi construit », nous permet de surmonter la difficulté et d’affronter le monde extérieur tel qu’il est. Pourtant, certains d’entre nous s’aménagent un petit temps de transition, entre l’instant où ils quittent le lit et celui où ils passent la porte, il y a ceux qui se prélassent longuement dans un bain ou ceux qui prennent un petit déjeuner en parcourant rêveusement un magazine. Cette attitude correspond à s’accorder le temps (et les moyens) de revenir à la réalité. On pourrait appeler cela l’espace transitionnel, c’est à dire le lieu où le temps de quelques instants seulement, l’illusion et la désillusion, la rêverie et la réalité, se rencontrent, se mêlent, jusqu’à ce que la deuxième prenne le pas sur la première.

De la même façon, le nourrisson qui ne retrouve le bien être total tel qu’il l’a connu au cours de sa vie intra-utérine, qu’au moment où il prend le sein, (ce sein avec lequel il ne fait qu’un, ce sein qui lui appartient et qui pourtant lui échappe épisodiquement), puisque rien ne lui permet de vivre ce manque dans la douceur et la progression, va se créer son propre espace transitionnel, dont l’objet transitionnel tient le premier rôle. Il s’agit de se donner les moyens de passer d’un temps où l’enfant avait et était le tout, à une alternance entre l’avoir et l’être absolus et le sentiment de manque par une voie de transition en évitant la douleur excessive.
Si l’objet transitionnel est le lien entre la mère et l’enfant, il représente aussi ce qui va lui permettre de s’en détacher. Qu’il s’agisse d’un jouet, d’une couverture, d’un mouchoir, que l’enfant soit fille ou garçon, il est en général indispensable à son équilibre et à son développement.

La présence/absence de la mère crée chez le nourrisson une angoisse. L’objet transitionnel, qui lui donne le sentiment d’avoir avec lui le sein de façon permanente (il en est son substitut), va jouer un rôle de calmant, notamment au moment de l’endormissement. Lorsque l’enfant est près de sombrer dans le sommeil, il désinvestit alors le monde extérieur pour réinvestir, de sa libido, son moi, c’est à dire qu’il y a repli total sur soi ; une régression fragilisante que la présence du doudou permet d’apaiser. Il lui permet de lutter contre l’angoisse dépressive.
L’objet choisi par l’enfant n’est pas innocent. Ainsi, le coin de couverture par exemple en tant qu’objet partiel, représente l’objet partiel qu’est le sein de la mère. Il est de façon plus précise le sein durant les cinq ou six premiers mois de la vie, mais à la période dépressive (sevrage), l’objet prend une autre dimension dans la mesure où la mère est alors considérée comme une personne totale et non plus comme un ensemble d’objets partiels (sein, visage, mains…), c’est à dire qu’il est à la fois nostalgie du sein perdu et investi de nouvelles fonctions. .
C’est pourquoi le ressenti de la relation mère/enfant est capital, parce qu’il est nécessaire que l’objet interne (introjecté) soit suffisamment bon pour que l’enfant s’oriente vers l’objet transitionnel. Autrement dit, la valeur qu’il accorde à l’objet interne (c’est à dire ce qu’il est lui en tant qu’être identifié à cet objet) dépend de la perception de l’objet externe ( la mère, le sein existant en tant que seul objet d’identification du nourrisson). La distorsion de perception pourrait alors provenir de ce que Mélanie KLEIN a appelé l’introjection du mauvais objet/sein, par le mécanisme de l’identification projective (mauvais sein parce qu’absent ou projection agressive sur le sein réintrojecté).
Il ne s’agit pas là d’une mère qui répond forcément mal aux attentes de l’enfant, mais l’absence alternative de la mère est mal perçue et insurmontable pour l’enfant ou l’attente de celui-ci est trop excessive par rapport à ce qu’elle est en mesure de lui apporter.

La mère « suffisamment bonne » évoquée par WINNICOT est celle qui s’adapte aux besoins de l’enfant. Parfois, il y a déséquilibre entre ce que l’enfant demande et ce que la mère perçoit de cette demande, entre ce que l’enfant demande et ce que la mère a la possibilité de donner ou entre ce que la mère donne et ce que l’enfant en perçoit. L’harmonie entre les deux ne va pas toujours de soi. De même, certains enfants n’ont pas recours à l’utilisation de l’objet transitionnel, parce qu’il y a une déformation de la perception, la mère étant elle-même perçue comme l’objet transitionnel ou lorsqu’il y a une carence affective trop importante, entraînant un affaiblissement de la vie affective de l’enfant. Ainsi, on a pu constater que si la mère s’absente trop longtemps, c’est à dire une durée supérieure à la capacité pour le nourrisson d’en avoir le souvenir, l’objet transitionnel est désinvesti.

L’objet transitionnel favorise dans sa fonction le dépassement du mécanisme de clivage, parce qu’il permet, au sein de l’espace transitionnel, de faire cohabiter illusion/présence du sein en tant qu’objet qui lui revient et réalité ou désillusion/absence du sein de façon interactive, et plus seulement de façon clivée. En d’autres termes, l’objet transitionnel permet d’intégrer la notion d’ambivalence, d’être ou d’avoir « à la fois les deux », « les deux » étant des couples d’opposés (présence/absence, amour/haine), mais tous les deux en activité dans un même temps et un même lieu. L’enfant considérera peu à peu sa mère non plus comme deux entités distinctes (bonne ou mauvaise), mais comme une personne ambivalente, à la fois bonne et mauvaise, qui lui inspire des sentiments ambivalents.

Une fois que l’enfant intègre la mère en tant que personne, l’objet transitionnel n’est plus seulement objet/sein, ni objet/moi, mais aussi objet tiers, en ce sens où il tient aussi sa part d’identité au père, puisqu’en tant que tiers, s’il a toujours été objet de lien fusionnel avec la mère, il est désormais aussi objet de séparation entre les deux, (au même titre que le nom du père), dès lors que l’enfant est capable de percevoir les objets comme différents de lui, dès lors que la réalité (il n’est pas « le tout ») le touche.

On peut en déduire que l’objet transitionnel a un rôle d’aide à l’acceptation de la frustration, il en est un outil, comme peut l’être le fantasme qui procède lui aussi à un apaisement de l’angoisse dû à l’illusion. Mais au même titre que le fantasme, l’objet transitionnel devrait avoir un rôle d’étayage favorable au développement, c’est à dire nécessaire un temps seulement, celui de la construction d’une cohérence narcissique du moi. Dans le meilleur des cas, le sujet enfant va s’intéresser à une quantité de plus en plus importante d’objets, délaissant le premier comme seul objet d’investissement narcissique et érotique, il s’ouvre sur le monde extérieur progressivement, son aptitude à symboliser grandissant avec lui, ses intérêts vont devenir multiples et sa façon d’exprimer ses affects aussi. Ce n’est cependant pas toujours le cas. En effet, on peut voir chez certains adultes la persistance au recours à l’objet transitionnel (souvent celui de l’enfance), nécessaire en période d’angoisse, de solitude ou de dépression, essentiellement à l’heure du coucher, voie de régression par excellence.

On pourrait aller plus loin en considérant comme objets transitionnels les gris-gris, les objets de superstition qui n’ont d’autres buts que d’apaiser l’angoisse de l’inconnu, et de donner l’illusion d’être en sécurité parce que pas seul, en possédant de façon symbolique l’autre formant ainsi un tout. Il s’agit simplement d’un déplacement de l’investissement libidinal par rapport à l’objet initial. Mais il s’agit surtout d’éviter de supporter un total processus d’individuation pour lequel le sujet ne se sent pas assez fort. Il n’y a qu’un pas à franchir pour qualifier de façon plus générale tout ce qui relève de la croyance comme étant une partie d’un espace transitionnel, se nourrissant à la fois de la douceur de l’illusion (FREUD lui-même emploiera la métaphore de l’illusion pour désigner la religion) et la rudesse de la réalité, aménageant à la réalité un espace d’illusion qui l’aseptise et réservant dans un même temps une place dans sa réalité intérieure à la réalité extérieure impossible à nier, et ternissant quelque peu le champ illusoire.
Cette extrapolation peut paraître excessive, mais se vérifie dans les cas les plus concrets, comme dans le processus de deuil par exemple, où la croyance en Dieu peut permettre à certains individus de disposer du matériel nécessaire à les soutenir dans l’épreuve, à accepter la réalité, même et surtout s’il est utilisé de façon transitoire (messes mortuaires, rites….) et même s’il n’est transitoire que de façon partielle, (le sujet était déjà croyant), c’est à dire faire le deuil de l’objet perdu, à savoir l’être cher.

Ainsi, la religion peut être investie de façon passagère et intense par celui qui a besoin que lui soit proposé un espace lui permettant de se laisser porter par l’illusion (la certitude d’une vie post-terrestre par exemple sans pour autant en avoir la preuve c’est à dire que ce qui pourrait être une hypothèse se transforme par nécessité en certitude), sans cependant perdre de vue une réalité (sans la dénier) qui est la disparition de l’être aimé. De façon moins tragique, il en va de même pour toute activité créatrice permettant de lutter contre l’angoisse, toutes formes artistiques, passe-temps ou passions confondus. On parle alors de sublimation.

On ne décrit l’espace transitionnel à proprement parler en psychanalyse que dans le cadre de l’évolution infantile, mais on peut aisément en retrouver des traces dans la vie adulte, lorsqu’il s’agit d’éviter la dépression, d’apaiser l’angoisse, de surmonter le deuil. La maturité étant alors supposée, on parlera dans certains cas de pathologie, (dépendance excessive à l’objet par exemple), à la différence de l’enfant chez qui il s’agit d’un processus normal. Toute la différence entre pathologie névrotique et présence de symptômes seulement (c’est à dire un évitement de la pathologie), réside dans l’aspect transitoire (ou non ) des signes (suite à une période difficile à vivre par exemple), et dans quelle mesure ils sont gênants dans la vie du sujet.

L’objet transitionnel dans sa fonction essentielle normale permet donc le dépassement de la dépendance totale, dans la mesure où son rôle évolue avec l’évolution biologique et psychologique de l’enfant. Pendant que celui-ci traverse les différents stades de son développement, l’objet est investi de sentiments divers, il est à la fois chargé de la libido narcissique et de la libido objectale, c’est à dire qu’il représente à la fois lui-même et l’autre (la mère), à la fois le « dedans » et le « dehors ».
Il est aussi objet érotique, il est caressé, touché, senti, et parfois objet d’excitation. Chez le tout petit enfant, selon WULFF, l’objet transitionnel est le substitut du corps (du sein) de la mère. Anna FREUD dira que dans une deuxième phase, l’objet de départ se transformera en objet mou (couverture…) Au stade sadique-anal, cet objet mou permet à l’enfant d’exprimer l’ambivalence de ses sentiments, il est chargé d’amour et de haine, objet de gestes d’amour et de mutilations. Plus tard, au stade phallique, l’objet, s’il n’a pas été délaissé, devient objet fétiche, c’est à dire qu’il est substitut soit du pénis de l’enfant, soit du pénis paternel, soit du pénis fantasmé de la mère.

Ainsi, et bien que le sujet soit débattu par ses différents auteurs, l’expérience clinique a montré qu’une certaine attitude fétichiste précoce de l’enfant pouvait se retrouver dans le fétichisme adulte. Mais dans tous les cas, lorsqu’il y a un rapport entre les deux, il ne s’agit pas chez l’enfant d’une libido investie de façon narcissique dans l’objet transitionnel, mais plutôt comme le précise R.J.STOLLER d’une « excitation liée à cet objet », voire « une décharge de pulsions sexuelles ». Il y a donc là une déformation du rôle apaisant de l’objet. L’objet a été érotisé au-delà de ce qu’il représente en tant qu’objet partiel, il est avant tout objet d’assouvissement sexuel. Sa fonction apaisante est reléguée en second plan. On peut difficilement ne pas prendre en compte le rapprochement possible ou probable entre la période où l’objet transitionnel fait office de phallus (imaginé) de la mère au cours de certains développements infantiles, et l’attitude de déni ou de désaveu de la castration féminine chez le fétichiste dont l’objet fétiche est substitut du phallus de la femme.

Ce qui pourrait paraître une évidence est cependant sujet à polémique. En effet, dans son ouvrage « comment Freud inventa le fétichisme…et réinventa la psychanalyse », Henry REY-FLAUD ne reconnaît pas le rapprochement entre les deux et dissocie même totalement les deux attitudes. Il convient dans un premier temps de reconsidérer en quelques mots le fétichisme dans ce qu’il a de différent par rapport à la névrose, pour mieux appréhender son rapport supposé avec l’objet transitionnel, qui relève lui, dans sa fonction première à priori plus de symptômes névrotiques que pervers. Ainsi, l’auteur indique que « l’élection du fétiche (pervers adulte) intervient sur un fond de regret éprouvé par le sujet à l’égard du membre jadis vénéré de la mère. Il ne s’agit pas du seul regret à l’endroit du pénis tant désiré (car il s’agirait là d’une névrose), mais d’une impossibilité de faire le deuil de la perte subie », à savoir la castration.
C’est à dire que tandis que le névrosé va investir dans une série d’objets jamais totalement satisfaisants en tant que substituts de l’objet perdu (ce ne sont donc pas l’objet perdu), le pervers, lui, perd effectivement l’objet mais trouve le fétiche, idéalisé, qui n’a plus rien à voir en définitive avec sa fonction première de substitut du phallus de la mère, en ce sens où il est devenu suffisant à lui-même dans sa fonction érotique, et nécessaire à la jouissance. En d’autres termes, l’objet fétiche n’est plus un simple substitut mais un objet érotique à part entière. Le névrosé sait qu’il y a absence de pénis chez la mère mais n’y a pas tout à fait renoncé, on retrouve donc là une cohabitation entre l’illusion et la réalité. Le pervers fétichiste a admis cette absence une fois pour toutes et il l’a remplacée par le fétiche. Il s’est donc crée une autre réalité.

Pour H.REY-FLAUD, objet transitionnel et fétichisme n’ont aucun rapport commun, si ce n’est qu’ils sont tous deux substituts d’une hallucination, (sein pour le premier et pénis pour l’autre), mais si l’objet transitionnel est « substitut métaphorique de cet objet » (l’objet perdu), le fétiche « intervient dans un processus métonymique », parce qu’il se substitue au phallus de la mère mais sans sentiment de perte, se suffisant à lui-même.

Si l’établissement de cette différence semble légitime, il ne paraît cependant pas tenir compte de tous les éléments communs à considérer. Le débat reste ouvert. On pourrait considérer cependant que si l’objet transitionnel n’est pas objet fétiche au sens pervers adulte tel qu’on le définit au départ, il ne peut le devenir dans une certaine mesure qu’à partir du moment où le sujet envisage la différence des sexes. Ce serait une sorte de prémisse d’objet fétiche dans sa fonction de substitut phallique, qui, s’il est investi puissamment de façon érotique, peut avoir un certain rapport avec le fétichisme adulte. Prémisse seulement, parce qu’il ne peut y avoir de comparaison équitable entre les deux qu’à partir du moment où le sujet est capable de jouir sexuellement grâce à l’objet fétiche, c’est à dire que l’objet en question est objet de dépendance érotique à part entière. Il reste à considérer que la grande majorité des enfants ont un objet transitionnel, et une infime minorité d’entre eux seront des adultes fétichistes.
La présence des tendances perverses normales durant l’enfance de tout être humain (quand il y a déformation de la valeur d’apaisement de l’objet en valeur érotique par exemple), n’est pas révélatrice d’un comportement purement pervers adulte, fétichiste notamment. Le glissement de la fonction apaisante parfois érotisée de l’objet chez l’enfant à la fonction d’objet fétiche de jouissance sexuelle adulte, ne peut être possible, s’il a lieu, que sous la contrainte d’un ensemble d’autres éléments complexes et cumulés, liés à la fois à la personnalité propre (génétique) du sujet, à son environnement, son éducation, sa capacité à supporter la frustration et sa capacité de perception de l’environnement en général, la façon dont celui-ci agit sur lui.

L’espace transitionnel n’est donc en aucun cas un simple monde chimérique, mais il a au contraire une réelle valeur symbolique éducative, et l’objet transitionnel en est l’acteur principal. Cet objet n’a finalement que peu d’importance dans sa forme, (bien qu’elle soit significative), c’est ce que l’enfant y projette qui importe : au même titre que l’enfant qui joue durant des heures avec l’emballage du jouet que l’on vient de lui offrir parce que la boite en carton est investie d’une qualité de fonctions fantasmatiques (dans la mesure où son absence de fonction précise laisse libre cours à l’imagination), l’objet transitionnel peut être représenté par tout et n’importe quoi tant qu’il permet de canaliser les affects.

On peut donc dire en conclusion que le rôle de l’objet transitionnel est multiple, et que sa présence est signe de « bonne santé ».
Par l’utilisation d’un vieux jouet sale dont la mère n’aspire qu’à se débarrasser, l’enfant est en train de s’orienter tout doucement vers un processus d’individuation.
Cet objet est à lui, à l’inverse de l’Autre qu’il ne peut avoir, l’objet transitionnel choisi est en sa possession dans sa fonction de premier objet non-moi.

C’est pourquoi le respect de son espace et de sa personne exige entre autre qu’on ne le lui lave pas sans son consentement quel que soit son état : ce serait ôter à l’enfant son seul pouvoir de contrôle, et enlever à l’objet une part de sa valeur.

Accorder à l’enfant d’amener son doudou à l’extérieur notamment pour s’endormir, c’est lui faciliter un peu la vie le temps de lui permettre d’accepter que le monde extérieur n’est pas ce qu’il a fantasmé jusqu’ici, c’est lui permettre de s’aider d’une réalité intérieure faite d’illusion certes, mais crée dans le but d’éviter le traumatisme.

Chrystel Benoit

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