Comme une envie de sortir du cadre du politiquement correct, de s’affranchir du qu’en dira-t-on auquel j’aime répondre: “assume”.
Vous connaissez peut-être, ou peut-être
pas, Maurizio cattelan, cet italien faisant partie des artistes
contemporains les plus collectionnés et donc les plus chers. Ses
oeuvres figurent d’ailleurs en bonne place dans la collection de
François Pinault. “Bouffon pour riches”, “Idiot du village de
l’art contemporain”, ou un grand artiste, les avis se valent.
Ce ne sont pas tant ses oeuvres qui me plaisent, voire
m’éclatent, mais davantage sa personnalité agitatrice, décalée,
provocatrice, son toupet et son culot. J’adore.
Extraits…
Politiquement incorrect
Palerme - Sicile, juin 2001. Lors de la 49e édition de la
Biennale de Venise, il avait convoqué aux petites heures du
matin le gratin du milieu de l’art, 150 des plus gros
collectionneurs de la planète, embarqués pour un vol spécial,
direction Palerme où était installé sa dernière création
d’alors: Hollywood. Pour ce “ Plateau de l’humanité ”,
intitulé générique de la Biennale, Cattelan propose une réplique
de 23 x 270m des hautes lettres blanches qui ornent la colline
éponyme, qui se trouve être la plus grande décharge publique de
Sicile, allusion frémissante au contexte mafieux, source
d’inspiration pour le cinéma US.
L’argent des VIP prenait tout un coup une odeur particulière.
Selon un journaliste sur place, “
Maurizio Cattelan est un spécialiste de ce genre de gags
énormes. (…) Un peu étourdi, le groupe s’est jeté sur le buffet,
et on a assisté à une union sacrée, une trêve dans la lutte des
classes entre les milliardaires et les ouvriers de la décharge,
venus en connaisseurs et en voisins boire un petit coup de
blanc.”
Enfant terrible
Invité à une exposition en 1989, il expédie en lieu et place d’oeuvre
un certificat médical d’arrêt de travail, ou encore en
contribution à une exposition, il s’est contenté d’une étiquette
portant la mention “Je reviens tout de suite“.
Ou Massimo de Carlo, un homme toujours
agité, à qui il imposa une journée d’immobilité en scotchant le
pauvre homme avec des kilomètres de ruban adhésif à mi-hauteur
du mur de
sa galerie.
Soit encore ce chien tenant entre ses crocs un quotidien, qui
semble avoir attendu jusqu’à en être réduit à l’état de
squelette…
Attention, provocateur
Ce n’est pas tant l’esthétisme qui fait vendre, mais l’art de la
provocation. Son portrait de Jean-Paul II écrasé par une
météorite, La Nona Ora soit le moment de la mort du
Christ, est passé d’environ 80 000$ lors de sa création en 1999
à 3 millions de dollars chez Phillips à New-York en 2004.
L’histoire raconte que lors de sa
première exposition personnelle dans une galerie new-yorkaise,
suite à l’impossibilité financière et technique d’une
conciliation satisfaisante avec son galeriste Daniel Newburg, MC
décide de présenter un âne vivant dans l’espace d’exposition et
de le remplacer le lendemain par un chapelet de saucisse,
laquelle pièce s’intitule
Warning ! Enter at your own risk, do not touch, do not feed,
no smoking, no photographs, no dogs (1994).
La liste est très longue, mais son oeuvre qui m’amuse le plus:
il a proposé une concession dans le cimetière du village natal
de François Pinault, sur la pierre tombale, une inscription: “Pourquoi
moi?”