La capacité d’être seul / Winnicott
Pour le pédiatre et psychanalyste anglais Winnicott, la capacité d’être seul se fonde dès les premiers mois de la vie : le bébé lorsqu’il sort progressivement de la symbiose avec sa mère, peut faire l’expérience de petites frustrations et séparations dont l’importance ira croissant. Winnicott parle à ce sujet de « mère suffisamment bonne » : c’est la mère qui sait doser ces expériences, de façon à ce que le bébé ne se perde ni dans la solitude (mère trop absente), ni dans l’étouffement (mère omniprésente). L’enfant construit alors progressivement un sentiment de continuité interne, d’existence propre qui lui permet de prendre peu à peu de l’autonomie.
Pour Winnicott, la meilleure façon pour l’enfant d’expérimenter cela est « d’être seul en présence de quelqu’un ». Concrètement, cela signifie par exemple que le bébé gazouille tranquillement dans son couffin, ou joue dans son parc, tandis que sa mère vaque à ses occupations à côté de lui, mais sans être avec lui. Plus grand, il pourra rester quelques instants dans la pièce voisine, porte ouverte, rassuré par les bruits de la maison - et ainsi de suite.
Trop livré à lui-même, l’enfant n’acquiert pas la sécurité interne qui lui permettra d’explorer le monde extérieur ; surprotégé, il n’en aura même pas le désir... En consultation psy, c’est une des premières choses que l’on remarque : l’enfant reste-t-il agrippé à sa mère, ou, après un temps d’observation, descend-il farfouiller dans la malle à jouets à sa disposition sans plus se préoccuper...