Franz Xaver Messerschmidt
(1736-1783)
Messerschmidt s’attache à la réalisation de ces têtes de caractère dès 1770, et s’y consacre jusqu’à sa mort. Elles ont été retrouvées dans son atelier après son décès. Elles dépeignent une multitude d’expressions faciales, de grimaces suggestives, et pourtant à peine identifiables. La tête en avant ou rentrée dans les épaules, les traits sont tirés, les visages contrits, les veines du cou souvent contractées, jaillissent de l’épiderme dans un effort presque physique. Avec ces visages crispés, Messerschmidt ouvre une nouvelle voie pour le portrait. Très réaliste, il s’appuie sur l’humain et l’état d’âme. Sans fioriture décorative, il laisse la place à une harmonie de rides, belles et élégantes courbes qui façonnent les volumes, ou légères et délicates incisions. Le visage est divisé selon un axe vertical, et parfois la symétrie semble si parfaite qu’il semble que les deux profils sont identiques. Qu’elles soient en plomb, en albâtre, en étain, en bronze, ou en marbre, elles montrent une finesse d’exécution remarquable. Avec ces têtes, Messerschmidt se dresse contre l’Académie. En tant qu’enseignant, c’était un suicide. Messerschmidt n’était pas «politiquement correct». On l’a alors dit fou, et soupçonné de paranoïa, voire de schizophrénie, prenant en caution sa sculpture, ses têtes et son comportement général comme l’évidence de sa déficience psychique.
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La bandelette que vous voyez posée sur ses lèvres est une allusion aux expériences sur le magnétisme auxquelles se livrait Messmer. Le célèbre docteur traitait les maladies mentales à coups de baguette métallique: celle-ci était censée évacuer les fluides magnétiques qui encombraient le corps de ses patients. Messerschmidt avait été impressionné par la souffrance que cela provoquait chez les malades, physiquement et mentalement.
Il reproduisit à travers ses "têtes de caractère" toutes les émotions les plus extrêmes, toute la détresse humaine, juste en se regardant dans un miroir.