Alice Ferney

" Grâce et dénuement "

 

Dans un camp en banlieue, serré entre les terrains vagues, les logements sociaux et la décharge, une famille de gitans s'est sédentarisée. Il y a Angéline, la doyenne, ses fils, ses belles-filles et ses petits-enfants. Ils vivent de presque rien, sans papiers, sans travail, sans eau courante, sans essence, à l'écart d'une société qui menace en dépit des lois de les expulser.Un jour, ils voient débarquer Esther, une gadjé, bibliothécaire, qui veut «lire des livres à ces enfants qui n'en ont pas». Les gitans l'accueillent avec méfiance, mais comme les enfants prennent plaisir à écouter ses histoires, ils finissent par l'adopter. Tous les mercredis, elle vient passer un moment avec eux. Après la lecture, elle prend un café avec les femmes. Malgré sa douceur et sa discrétion, elle reste en décalage: ses bonnes intentions et sa culture s'adaptent mal au mode de vie des gitans. 

Critique/Presse :

"Le roman d'Alice Fernay n'est ni un document social ni un plaidoyer démagogique pour l'éducation républicaine. Même si, bien sûr, l'auteur défend les vertus de l'alphabétisation et met en évidence les difficultés qu'ont les gitans à accéder à leurs droits. Son discours, trop convenu et bien-pensant, peut agacer, notamment à travers le personnage d'Esther, et puis le souci de réalisme frôle parfois la caricature.Mais ce qui surnage, c'est le portrait qu'Alice Ferney dresse de cette petite communauté: insalubrité du camp, journées passées ensemble dehors, nuits dans les mêmes caravanes, ne sont décrites que pour illustrer les rapports entre maris et femmes, adultes et enfants. Puisque l'isolement est impossible, chacun doit dissimuler ses souffrances et ses désirs ou accepter de les partager. En même temps, la proximité est salvatrice: «Personne est fait pour vivre seul, ça c'est sûr et nous, Gitans, on l'a mieux compris que vous autres», dit Angéline, la grand-mère, une maîtresse femme, à la fois brusque et pleine de sagesse, ce qui en fait un des personnages les plus attachants. Dehors, près du feu, elle raconte: mariages, décès, accidents, naissances... l'histoire de ses proches qui sont sa plus grande richesse". Ingrid Merckx - Lire, novembre 2000

Alice Ferney, dans ce roman à l'écriture lyrique et retenue, fait entrevoir la difficulté du métier d'homme quand l'homme, lui-même, est maintenu en lisière du reste de l'humanité par d'autres hommes. «Grâce et dénuement», telle est la marque de ce peuple qui a trouvé, ici, la note juste pour faire entendre sa voix. C'est peu dire qu'on est touché - Laurence Liban
Lire, septembre 1997

 

Avec Grâce et dénuement, Alice Ferney a obtenu le prix Culture et bibliothèques pour tous. Prix emblématique s’il en est tant la lecture, la scolarisation et en définitive la culture, pour tous justement, sont au centre de ce très beau roman au style classique et élégant. Mais pas seulement ça. Au travers de la persévérance d’Esther à aller à la rencontre de l’autre, au devant des mutismes, au-delà des différences, Alice Ferney nous amène à découvrir la véritable vie des gens du voyage. Elle nous fait entrer dans l’intimité de leur misère absolue, de leur vie hors du temps, de leur rejet par tous et, par réaction, de leur rejet des autres.Elle est terrible l’existence de Lulu et de ses frères : analphabètes, sans travail et ne vivant que de petits boulots et de petits trafics. Elle est encore plus terrible la vie de Misia, sa femme, et des épouses des autres frères : pas d’argent, aucun confort, aucune perspective que celle de suivre leur mari dans cette litanie de déplacements qui les fait aller de ville en ville au gré des expulsions. Elle est désespérée celle des enfants, nombreux et aimés mais livrés à eux-mêmes et dont l’avenir est joué d’avance, fait de déracinement permanent et d’exclusion irrémédiable de la société" Joël Fompérie© Jo Web'Zine - Juin 2002

 

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